Une large partie des concepts autour desquels se sont structurées les cultures numériques proviennent de la cybernétique. Ce mouvement technoscientifique, à partir duquel se sont développées l’informatique et la robotique, est né pendant la Seconde Guerre mondiale aux États-Unis. Cette situation particulière a donné une connotation belliciste – guerrière – à toutes ses inventions, qu’elles soient épistémologiques ou techniques. Cybernetics: From 1942 Onwards révèle le degré d’influence de ce mouvement et plaide pour que nos imaginaires s’en émancipent.
Cybernetics: From 1942 Onwards. Mapping the Constitution of a New Empire
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Pendant la Seconde Guerre mondiale est apparu aux États-Unis un nouveau mouvement technoscientifique : la cybernétique. Regroupant un ensemble de disciplines telles que l’analyse et le traitement du signal, la robotique, la neurologie et la psychologie comportementale, elle devait permettre à de nombreux chercheurs outre-Atlantique de fonder une nouvelle science. Ils espéraient celle-ci en mesure de leur conférer un avantage déterminant dans les domaines de la cryptologie, de la géostratégie ou encore de la création de dispositifs tactiques. Croyant en une interchangeabilité des substrats organiques et artificiels, les cybernéticiens pensaient pouvoir modéliser la conscience. Les réductionnismes qu’ils ont introduits (telle l’assimilation du cerveau à une boîte noire), ont permis l’émergence de l’informatique et de l’IA. La prospective militaire a fait sien l’imaginaire cybernéticien. La société dans laquelle nous vivons étant organisée autour de technologies développées primitivement dans cette perspective belliciste, nos représentations du monde s’en détachent avec difficulté. Cybernetics: From 1942 Onwards en propose un bilan. L’installation comporte six vitrines interactives, six hélices holographiques et un film d’animation de 19 min. 26 s.
Les hélices holographiques sont des appareils faisant tourner un rail de LED colorées programmables. Elles tirent parti du phénomène de persistance rétinienne pour donner l’illusion qu’une image solide et animée flotte dans les airs. En s’approchant des hélices holographiques, le public active la révélation du contenu des vitrines : un signal envoyé depuis des tapis sensitifs à des microcontrôleurs rend transparents les films de cristaux liquides qui recouvrent les panneaux de verre acrylique des vitrines, normalement opaques en l’absence de visiteurs. Les vitrines s’allument et révèlent à chaque fois : une image d’archive sérigraphiée sur métal, un écran LCD, diffusant des animations générées par ordinateur ainsi qu’une impression 3D. Les éléments montrés dans les vitrines recoupent ceux présentés dans le film projeté plein mur dans le reste de la salle. Le projet met en perspective des archives militaires avec des représentations liées à l’imaginaire du cyborg.
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