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Après plusieurs siècles d’automatisation mécanique intensive, portée notamment par la révolution industrielle, nous avons amorcé un siècle nouveau qui redouble lui aussi d’automatisation, mais cette fois, de nos fonctions cognitives. Or, derrière le mythe puissant de l’essor des intelligences artificielles se cache souvent une réalité économique et sociale, elle bien concrète, qui sous couvert d’innovation et à grand renfort de marketing, constitue une hyperdivision et une dégradation vertigineuse du travail humain. Travail gratuit des utilisateurs d’une plateforme valorisé par les données collectées ou micro-travail payé à la tâche et au lance-pierres, le récit du grand remplacement technologique ferme volontairement les yeux sur ses travailleurs du clic — pointés du doigt notamment en France par les sociologues Paola Tubaro et Antonio Casilli, auteur pour ce dernier du livre En attendant les robots d’où s’inspire cette parodie gainsbourienne.
Sous couvert de participation, d’ouverture et de partage, le capitalisme cognitif assoit son royaume sur des sujets consentants au micro-travail, qu’il soit d’ailleurs vécu comme tel ou non. Une forme d’exploitation nouvelle de l’homme par l’homme qui est recouverte d’un maquillage ludique pour mieux faire passer la pilule. À vous donc de chanter ou de déchanter ce prodigieux karaoké.