Lettre à Irma est une performance sonore fictionnelle et musicale composée pendant le premier confinement. Benoit Bories et Aurélien Caillaux ont enregistré les paysages sonores de Toulouse, vidée de ses habitants. Benoit a écrit une lettre à sa fille, née la même année, dans laquelle il lui raconte son expérience d’une vie urbaine mise à l’arrêt. Il y décrit la redécouverte de nouveaux aspects sonores de sa ville, jusque-là dissimulés par le bruit du monde industriel.
Lettre à Irma
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Production Le Labo Espace 2 Radio Télévision Suisse, Faïdos Sonore, Les Voix de Traverse
2ème prix Grand Prix Nova Romania 2020.
Texte : Benoit Bories
Composition sonore : Aurélien Caillaux et Benoit Bories
Voix : Yohan Bret
*« Tu es née l’année où la rumeur de la ville s’est tue.
Cette rumeur avait absorbé tant de détails, qui nous remontent peu à peu. Des sonorités fragiles qui prennent une nouvelle puissance. Une autre musique est venue chatouiller nos oreilles. Pourtant, elle était déjà là, bien présente, mais rares étaient les moments où l’on pouvait l’entendre. Aujourd'hui, elle prend toute son ampleur. Mon premier geste aura été d’en garder quelques traces, pour les faire écouter, te les faire écouter, et que l’on puisse en parler. Puis que tu les fasses écouter à ton tour. Peut-être imagineras-tu alors les sonorités à insérer, glisser, dans les interstices laissés par ce monde, ce monde qui s’est mis en sourdine quelques instants. »*
"Lettre à Irma" est une création sonore composée à quatre mains pendant le confinement. Cette œuvre est une lettre que Benoit Bories a écrite à sa fille, née l’année où la crise a bouleversé nos vies. Avec Aurélien Caillaux, ils sont allés enregistrer les nouvelles sonorités de la ville, redécouvertes alors que la rumeur urbaine s’était assoupie. Ces paysages sonores ont été captés la nuit et au petit matin.
L’écriture sonore de « Lettre à Irma » mêle une approche de field recording et le geste acousmatique. Le procédé acousmatique consiste à transformer un son pour révéler ses potentialités musicales, cachées dans son aspect brut. Par exemple, étirer le son d’une mésange peut dévoiler des rythmes et motifs insoupçonnés. La composition de « Lettre à Irma » explore et décortique ce geste acousmatique.
Le texte se divise en neuf chapitres, neuf mondes sonores dans lesquels l’auditeur se déplace, comme s’il déambulait dans une ville vide. Pour chacune de ces parties, nous avons travaillé à partir de matières sonores brutes, fragiles, révélées par le silence de la rumeur urbaine. Ces matériaux ont ensuite été transformés pour déployer des musicalités nouvelles.
Tout au long des captations réalisées pendant le confinement, bien que vivant à Toulouse depuis vingt ans, nous n’avons cessé de découvrir un décor que nous ne semblions pas connaître.
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