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Depuis la conquête espagnole, le Mexique concrétise une rêverie mythologique occidentale. Celle des Amazones qui ont guidé les conquérants dans leur quête de la terre nouvelle, mais aussi celle de l’idéalisation du nouveau monde à travers sa végétation luxuriante, l’ouverture de la médecine par les plantes nouvelles et la volonté évangélique d’un monde meilleur.

Au XIXème siècle, c’est une communauté de Français qui traverse l’Atlantique pour s’installer à Jicaltepec le long de la rivière Nautla dans la région de Veracruz au Mexique. Ces familles françaises, simples fermiers pour la plupart, réussissent à constituer de grandes exploitations agricoles au fil des générations malgré une nature et un climat tropical hostile.

Si une partie du fantasme européen a pris sens dès le premier contact avec le nouveau monde, il a aussi détruit une grande partie d’un savoir «premier» en fusionnant avec les peuples pré-colombiens. Cette conception du monde confrontée à une technologie avancée fait paradoxalement émerger une matière visuelle qui prend la forme de constellations d’informations rappelant un lien au cosmos, mais aussi à une forme d’essence mathématique qui semble tous nous gouverner.

Tropics dessine une orbite autour de ces territoires. C’est au rythme d’une pulsation sonore résonnant dans un espace sans fin ni gravité que le film tente de figer le temps, les hommes et dévoile le spectre d’un paradis perdu. Il s’agit de représenter ici une mémoire figée, un monde de données calculées donnant naissance à une sorte d’archéologie au dessus du sol dont l’exploration nous donne le sentiment de visiter une autre dimension. De celle-ci nous parviennent les voix des personnes visitées exprimant leurs histoires secrètes, leurs relations avec les fantômes d’un temps passé, leur capacité à communiquer avec cet au-delà dans lequel flotte le spectateur.