Le projet Yemaya est une installation immersive en réalité virtuelle qui tente de reformuler un langage plastique et poétique avec des outils et procédés scientifiques. Il consiste à déployer une mise en scène onirique à partir de certains modelés de grottes, de l’archive numérique du CNRS, entièrement réalisés avec la technologie de la photogrammétrie sous-marine.
Enjeux techniques et conceptuels :
Yemaya est la déesse afro-caribéenne des océans. Dans les traditions des Yoruba son nom signifie : La mère dont les enfants sont comme les poissons. Elle apporte amour et tendresse envers ses "fils". La légende raconte que lorsqu'une personne n'a pas de mère à qui parler, elle peut soit aller s'asseoir au bord de la mer pour lui raconter ses soucis, soit allumer une bougie bleue pour l'appeler. À l'image de la mer quand on se baigne dedans, Yemaya embrasse et entoure ses "fils". Elle a un côté guerrier qu'elle n'hésite pas à utiliser pour les défendre.
Le projet Yemaya est une série de photogrammétries (photographies) sous-marines de grottes méditerranéennes. La technologie de la photogrammétrie dite de « pointe » est un procédé photographique qui consiste à élaborer une mise en volume tridimensionnelle, suite à un certain nombre de calculs algorithmiques á partir d’une multitude de photographies prises de points de vue différents. Pour une meilleure lecture du sujet en question, les professionnels de l’observation scientifique ont de plus en plus recours au potentiel de la photogrammétrie, dans des domaines tel que la géologie, l’océanographie et l’archéologie, car elle leur permet de pétrifier et d’acquérir un maximum d’information sur l’objet cible. Mais aussi une meilleure observation de l’état figé et évoluant du « monde ».
La photogrammétrie incarne un certain aboutissement de la photographie. Yemaya, qui est d’abord un processus de recherche, questionne ces notions de réel et de représentation à travers l’outil technologique. Elle tisse un lien entre l’historicité occidentale sur le bassin méditerranéen, illustrée par les recherches du département océanographie et archéologie sous-marine du CNRS à Marseille, qui explore et étudie les épaves englouties remontant au minimum à 500 ans, et la migration africaine contemporaine dont l’inventaire est impalpable. Elle corrèle également mythes et légendes africaines avec les avancées photographiques et scientifiques depuis la naissance de la première photographie sous-marine par Louis Boutan en 1893.
