Le reporter Julien Cernobori a découvert qu'un tueur en série vivait autrefois dans son immeuble. Dans ce podcast, il part sur les traces du tueur et de ses victimes dans une anti-enquête effrénée, sensible et passionnante.
CERNO L'anti-enquête
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Il y a 4 ans je découvrais, à l’occasion d’une ennuyeuse réunion de copropriété, qu’un tueur en série avait vécu autrefois au premier étage de mon immeuble. A ce moment précis, ma vie a changé pour toujours. Cet homme, c’était Jean-Thierry Mathurin, complice et amant de Thierry Paulin, criminel oublié qui serait probablement le plus grand tueur en série français. Il aurait, dans les années 80, cruellement ôté la vie d’une quarantaine de femmes. Des femmes âgées, souvent seules, veuves et vite tombées dans l’oubli pour tout le monde.
Au départ, j’ai éprouvé le besoin de me plonger dans cette histoire et d’observer, de recueillir d’éventuelles traces de l’affaire et de ses victimes.
Trente-cinq ans après les faits, me voilà parti enquêter sur les premiers lieux de crimes, selon une méthode très personnelle : j’arrive micro en main, sans prévenir ni faire de casting, et je me « débrouille », je me laisse guider par les rencontres inopinées, en prenant soin d’enregistrer la parole de chacune des personnes dont je croise la route.
Dès le premier épisode j’ai prononcé ces mots sans bien comprendre, à l’époque, leur portée : « On verra bien où cette histoire me mène ».
Bientôt, cette affaire me conduira en Martinique sur les traces de la famille de Paulin, aux quatre coins de la France pour rencontrer les protagonistes de l’affaire. J’ai parlé à d’innombrables inconnus, à un prêtre roumain, un commissaire à la retraite, à des commerçants du 18e, des voisins des victimes, d’anciens fêtards du Palace, à l’écrivain Philippe Jaenada ou la philosophe Vinciane Despret. J’ai bu des centaines de café et je ne compte plus les heures passées seul à ma table de montage.
Je me suis autorisé de véritables digressions qui nous ont éloigné des assassins pendant plusieurs épisodes, afin de raconter d’autres histoires qui sont autant sociologiques que culturelles, politiques : le portrait de Paris en profonde mutation dans les années 80, l’isolement des personnes âgées ou l’arrivée du sida…
Aux antipodes d’une enquête classique, je me suis laissé intuitivement guider vers autant de pistes que je n’aurais jamais anticipées, dans l’espoir de rendre une histoire individuelle aux personnes assassinées, comme une timide tentative de réparation.
Aujourd’hui, le podcast CERNO totalise plus de 4 millions de téléchargements.
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