Cette identité, comme tous les travaux d’aurèce vettier, permet de nombreux allers-retours entre l’espace « réel » dans lequel il est possible d’exister, de dessiner, peindre, sculpter, casser, effacer ; et l’espace « data », où il est envisageable de jouer avec plus de dimensions que ce qu’un humain peut appréhender — un geste analogue au chargement puis téléchargement à l’infini d’une image sur une plateforme en ligne.
Dans cet espace virtuel, qui peut impliquer des algorithmes d’IA ou un traitement mathématique lourd, aurèce vettier explore de nouvelles formes, qui sont par la suite déployées comme objets tangibles, en lien étroit avec de nombreux métiers d’art.
L’approche est de ne pas considérer les éléments générés par la machine comme un ensemble d’œuvres finies, mais plutôt comme une matière première élargissant les possibilités conceptuelles et complétant la connaissance intitiale de l’histoire de l’art.
La poésie est la colonne vertébrale de toute la pratique d’aurèce vettier, dont le premier travail fut de publier un ouvrage de poésie en collaboration avec une machine. Sans jamais remplacer l’artiste, les algorithmes ont ainsi servi d’aide de camp, générant une matière première qui fut par la suite assemblée artisanalement. Par la suite, aurèce vettier a mis en oeuvre de nombreuses performances de poésie, aussi bien réelles que virtuelles — jusqu’à en injecter à l’intérieur même de la blockchain.
Poursuivant une recherche entamée dans les années 1950 par les premiers artistes ayant eu recours à des approches génératives, aurèce vettier fait le constat que plus la sophistication des technologies augmente, plus les œuvres qu’elles engendrent deviennent fragiles.
Dès lors, il s’agit de déployer un écosystème tangible et hybride, employant des techniques durables. Ce geste spécifique et lancinant, ce voyage perpétuel entre monde réel et virtuel, se déploie désormais sur de nombreux territoires dans un geste minimal. Ainsi, la série Potential Herbariums est constituée de peintures à l’huile, sculptures en bronze ou encore d’œuvres digitales représentant des formes impossibles de plantes rêvées par des intelligences artificielles, qu’on aurait pu trouver sur les flancs du Mont Analogue, montagne mythique de l’ouvrage inachevé de René Daumal.