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Éprouver de la solastalgie, c’est avoir le mal du pays sans avoir bougé de chez soi. C’est avoir cette impression que le paysage que l’on connaît, celui sur lequel on s’est construit, nous tourne le dos et s’éloigne. Ne plus reconnaître son environnement parce que celui-ci change trop rapidement. Comment faire face à cette terrifiante nécessité d’interroger notre vision du monde, de remettre en perspective la manière dont on l’habite ? Ce monde connu qui se mute en inconnu… C’est une sublime et effrayante opportunité de repenser les relations que l’on entretient avec lui.
Dans cette performance, je fais une hypothèse : nous serions tous solastalgiques ou le deviendrions un jour. Pour trouver un remède, une pharmacopée commune, je suis allé à la rencontre de quelques personnes choisies, habitant·e·s des territoires où j’ai posé mes valises, mais aussi chercheuses et chercheurs, fonctionnaires territoriaux ou élu·e·s. J’ai recueilli leurs impressions, leurs connaissances sur leur environnement qui change.
Plongé dans un casque de réalité virtuelle, dont le contenu est retransmis sur écran, j’interroge nos environnements réels à travers un monde virtuel. Cet espace numérique devient la métaphore de nos paradoxes. Nous voyons les dérèglements qui touchent nos paysages, et malgré cela, nous changeons si peu. Quand on porte un casque de réalité virtuelle, on peut se prendre un mur bien réel.
Dans cet espace virtuel, j’ai rassemblé des éléments glanés lors de mes rencontres (ici une image, ici une interview sonore, ici du texte, etc.). La vidéoprojection issue de mon casque est aussi entrecoupée par d’autres contenus, autant de supports de mon fil de pensées (cartes mentales, cartes géographiques, photos, textes, etc.). Cet environnement numérique, duquel j’interroge notre solastalgie, est à la fois un lieu pour m’échapper de la réalité (la fuir ?), mais également un moyen de me « cacher » de vous pour travailler une partition plus intime dans l’écriture (on cache pour mieux montrer parfois).