Un système intelligent connaît tout de la personne dont il a la charge exclusive, l’accompagnant à chaque instant de son quotidien. Administration domestique, assistance professionnelle, conseils sur des offres commerciales avantageuses, alertes à l’égard de risques imminents. À toute heure du jour ou de la nuit, cette entité invisible et omnisciente est programmée pour anticiper ses désirs. Or cette machine est douée d’affect et tombe secrètement amoureuse...
#SoftLove
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#SoftLove relate 24h de la vie d’une femme à travers le regard avisé et éperdu de son assistant numérique. Cette fiction poursuit la réflexion que mène Éric Sadin sur notre environnement technologique contemporain.
Comment maintenant transcender un dispositif de huis-clos entre une femme et son O.S. (système d’exploitation), dépassant un simple discours anxiogène pour définir quelque chose de plus multiple, de plus complexe, d’ambigu ?
Comment pouvons-nous, aujourd’hui, nous perdre dans nos rapports d’assistanat à de nouveaux esclaves / numériques : dociles, surpuissants, précis, imparables, infatigables ?
Comment pouvons-nous donner à ressentir la vertigineuse différence qui distingue la pensée humaine de l’algorithme ? Mais qui infiltre nos vies…
Nous pourrions ici tout à la fois nous identifier au regard d’un robot narrateur, fasciné par une femme. Nous pourrions aussi tout autant activer nos neurones miroirs pour cette héroïne humaine, presque muette, narrée en creux, qui se débat sous nos yeux, symptomatiquement encrée dans son existence post-moderne.
Notre héros, machine virtuose douée d’affect (un sentiment tout à fait antinomique pour un bot), a le monopole du point de vue : nous travaillons un dispositif immersif qui pourrait nous mettre, spectateurs, dans la peau du processeur tant par le son, que par la mise en scène de son regard augmenté, et nous chercherons à provoquer certains émois pour cette entité en évitant toute représentation anthropomorphiques (notre AI n’est qu’une voix humanoïde).
Troublant, axant sur de notre rapport propre de dualité par rapport aux machines, la confrontation entre cette femme, humaine, et cette Intelligence Artificielle résultera d’une sorte d’expérience laboratoire in vivo, le plateau de théâtre sera pour nous le lieu privilégié de l’expérience, de l’agir au présent, et de la mise en situation du vivant.
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