Il baigne dans les installations de Yosra Mojtahedi une atmosphère surréaliste, un espace affranchi des lieux et du temps, où les objets et les éléments sont symboliques : fleurs, pierres, cordons ombilicaux, organes, baignant dans une pénombre crépusculaire.
Yosra Mojtahedi questionne la frontière entre le vivant et le non-vivant à travers des sculptures considérées comme «machine-humain». Ce qui l'intéresse, c’est de détourner les organes vers des formes inertes pour créer une confrontation entre la forme de la chair et celle des pierres, entre le réel et le non-réel.
Venant d’un pays où le corps est un sujet tabou et sa représentation interdite, ses travaux sont en réaction sensuels et sensoriels: tactiles, olfactifs, touchant parfois à l’érotisme. Le spectateur est invité à toucher ou à sentir, des sens souvent oubliés dans les musées traditionnels et dans l’histoire de l’art.
Elle sculpte l’ombre qui sort de la lumière. Elle fait souvent appel à la dualité entre ombre et lumière, caractéristique de l’architecture persane menant de l’obscurité à la clarté, métaphore d’une trajectoire spirituelle pour créer un espace hors du temps. Elle interroge ainsi notre propre corporalité pour nous questionner sur l’existence des formes inertes qui nous entourent : où se trouve la frontière entre la matière vivante et le non-vivant ?
Il y flotte un féminisme fortement assumé, sans limites, pour délivrer un message politique et direct. En créant des univers où s’hybrident plantes, animaux, minéraux, et aussi des corps de genres différents, elle fait dis- paraître les frontières et les limites, et unifie tous les éléments de cet univers, pour dire : finalement, nous ne sommes qu’un !