À partir d’un jeu de transformations, d’amplifications, dénaturant ou non la matière sonore collectée, Eddie Ladoire génère un univers sonore nouveau, composé d’éléments abstraits inouïs et d’éléments bien connus, familiers à l’oreille humaine, auxquels pourtant nous ne prêtons pas attention. Au temps figé par l’enregistrement in situ, s’ajoute celui de la composition électroacoustique entendue telle la modélisation d’une matière en mouvement.
Faites de sons cachés sous les bruits ambiants, de variations infimes, d’ondes mineures, de présences, de voix et d’intimités, les pièces sonores d’Eddie Ladoire sont par nature, des expériences auditives sensibles et immersives.
Se jouant des frontières, ses compositions électroacoustiques allient l’esthétique de la musique concrète, source de la dimension poétique et mélodique de son travail, aux techniques de traitement du son de la musique électronique.
La pratique d‘Eddie Ladoire s’ancre dans les concepts de paysages sonores (Raymond Murray Schafer), de paysages recomposés par le son (Luc Ferrari Série « Presque Rien ») oscillant entre fieldrecording, musique concrète et éléments composés en studio pour produire des images sonores, un cinéma pour l’oreille.
Ses œuvres, intégrées aux collections du CNAP et de plusieurs FRAC, sont présentées soit sous la forme de parcours sonores géolocalisés ou non (dont ceux diffusés sur l’application Listeners), soit sous la forme d’installations in situ spatialisées, incitant l‘auditeur à se déplacer dans un espace entre réalité et fiction.
De cette démarche est née la série intitulée « Intimité » , work in progress développé depuis 2008 en France et à l’étranger (Institut Français du Vietnam, Centre d’Art contemporain de Buenos-Aires, Ambassade française de Hong Kong, etc.).
Auteur de pièces radiophoniques et de cartes postales (les Ateliers de Création Radiophonique - France Musique : « New York New York », « Les Rites Funéraires »), Eddie Ladoire réalise aussi des créations et du design sonore pour des scénographies d’exposition, des installations ou des films. La photographie, la vidéo ou l’objet peuvent ainsi interragir avec la matière sonore, constituant une nouvelle structure pour déployer cette esthétique singulière, où le son transforme et habite véritablement l’espace.