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Lukasa est une installation constituée de cartes imaginaires en bois et métal, qui produisent sons et textes quand on les effleure. Le dispositif est inspiré des tablettes de bois gravées du peuple Luba (Congo), qui sont parsemées de perles, de coquillages ou de morceaux de métal. À la manière d'une carte imaginaire, elles représentent des personnages, des lieux, des événements, et servent de support à la narration du conteur.

L'installation Lukasa s'approprie cette idée d'objet support d'une oralité. Lorsqu'on effleure les différentes cartes, une musique et un texte poétique racontent un lieu emblématique, réel ou imaginaire, de notre présent. On y trouve ainsi un nœud autoroutier, une ville, un fragment de désert… En manipulant le dispositif, le spectateur fait circuler voix et musique et crée ses propres configurations sonores. Il explore ainsi de manière active les différents lieux qui correspondent aux différentes facettes du texte. Mêlant dispositif ancien et moyens numériques, les architectures de Lukasa sont un reflet de notre propre monde hyperconnecté, avec ses labyrinthes, ses mythes, ses solitudes, ses espoirs...

En représentant des lieux imaginaires, Lukasa s'inscrit dans la thématique de la carte sonore, déjà abordée dans certaines de mes œuvres antérieures (Toposonic : œuvre sonore géolocalisée ; Nexploria : territoire virtuel à explorer par le son et le texte). Il y a en effet un aspect des cartes qui me fascine : elles sont une sorte de reflet du monde réel, une doublure de la réalité qui possède néanmoins ses lois propres, ses codes, sa poésie, qui en font un espace presque autonome.

Le monde sonore de Lukasa repose sur une musique électroacoustique : travail sur des enregistrements, sur des sons de synthèse, des sons instrumentaux...

De nombreuses œuvres interactives sont pensées pour un public voyant, notamment par le recours aux écrans. Lukasa au contraire privilégie l'ouïe et le toucher : le texte raconté, la musique, la granularité du bois ou le froid des inserts métalliques sous la main en font une expérience aussi riche que l'on soit voyant ou non / malvoyant.