À travers ses créations numériques, u2p050 tente de construire des expériences de pensée qui ouvrent des voies pour interroger notre monde contemporain, et en particulier sa numérisation croissante. Pour ce faire, u2p050 mobilise dans ses œuvres des technologies ambitieuses. Les artistes ont par exemple recours à l’intelligence artificielle, la modélisation en trois dimensions, le son stéréoscopique ou encore des logiciels de production vidéo interactive. Sous des formes extrêmement diverses — installations, textes ou productions audiovisuelles —, nous explorons une perspective où la machine n’est plus considérée comme un outil à asservir, mais une lunette pour visualiser des mondes nouveaux.
Si les machines sont au centre de notre pratique, c’est parce que nous pensons que découvrir un rapport non-instrumental face aux machines est primordial. Cela passe par une relation à elles comme des acteurs de la création, et non pas des outils de production. Nous parlons des machines en les expérimentant parce qu’elles produisent chez nous de nouvelles pensées.
Créer, pour u2p050, nécessite d’interroger les conditions de la production artistique. Notre pratique consiste à intégrer en une seule entité des fonctions professionelles qui étaient séparées au XXe siècle dans la sphère de l’art : création, gestion financière et critique. En d’autres termes, l’écriture des textes, la production, la comptabilité et la création artistique ne sont pas pour nous des processus séparés, venant les uns après les autres. Mais des processus en interaction continue qui se co-impliquent les uns et les autres.
La première de nos œuvres est donc d’abord notre entreprise qui cherche à répondre à cette question : Comment créer des œuvres à partir de l’hétérogénéité des pratiques ? Comment penser toutes nos pratiques comme créatrices à parts égales ? C’est pour cela que les six membres du studio proviennent de disciplines variées : les beaux-arts, l’informatique, les sciences humaines, le management et les techniques du son. Cet enchevêtrement se retrouve dans la diversité des créations et des techniques employées. Nous n’avons ainsi pas de médium de prédilection et privilégions des axes de travail : penser le son en rapport à l’image, penser le texte comme support pour l’image, ou l’image comme support pour les concepts