«Les films, les murs d’images, les installations et autres propositions de l’artiste s’inscrivent dans une période donnée, identifiable par les objets mêmes qu’ils montrent. Mais c’est le temps, dans son acception générale, qui y est à l’oeuvre (1). Un temps que, depuis sa propre nuit, l’homme a cherché à s’approprier dans ses réalisations et ses constructions. Par sa forme et par ce qu’elle nous délivre comme message, l’oeuvre de Florian Schönerstedt semble répondre à
André Leroi-Gourhan qui, évoquant le travail minutieux des pithécanthropes affairés à façonner le silex, posait cette question cruciale : « Cette régularité, ce surcroît d’esthétisme sur des objets qui devaient être tout tristement utilitaires, cela aurait-il pu être suscité s’ils n’avaient pas marqué le désir de faire quelque chose de bien ? (2)»
(1) Une proposition récente de Florian Schönerstedt, intitulée 87785s dit particulièrement bien l’importance du temps dans son oeuvre. 87785 secondes, c’est-à-dire près de 24 heures ont été nécessaires pour parvenir à user les 12 crayons de couleur utilisés pour le crayonnage complet des pages d’un carnet de
croquis.
(2) André Leroi-Gourhan, Les racines du monde, Entretiens avec Claude-Henri Rocquet, Paris, Pierre Belfond, 1982, p. 181
Extrait du texte du catalogue de l’exposition Meta-archeologie, 2019, Musee archeologique de Cimiez, Nice
par Maurice Fréchuret Historien de l’Art