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Comment montrer, de manière sensible, les inégalités et les rapports de domination entre les hommes et les femmes?
Dans l'obscurité, au sein d'un environnement sonore nébuleux, se meuvent des mobiles aux allures organiques sur la surface desquels se figent des données statistiques relatives aux inégalités de genre.
Murs invisibles est une installation sonore, plastique et immersive qui utilise les statistiques de genre en accès libre comme des matériaux, afin de traduire un fait social et de rendre tangibles plafond de verre et autres murs qui n’ont d’invisible que leur nom.
La réflexion soutenue par l'œuvre s’axe autour de la figure mythologique, symbolique et profondément ambivalente de Méduse qui, figeant celui ou celle qui la regarde en face, peut aussi bien désigner le pouvoir terrifiant du féminin que l’opinion générale et répétée qui paralyse et empêche la pensée.
Les trois temps qui composent l'œuvre (Disparition, Écarts, Violence) se concentrent chacun sur un aspect spécifique des rapports de domination et modèlent de manière différente l’environnement sonore. Suivant la nature de l’écart statistique, les sons et les formes qui composent l'œuvre vont être détériorés, saturés ou encore rendus inaudibles. Lors de sa déambulation le public expérimente donc physiquement et de manière sensible les inégalités et les aspérités sociales que les modalités conventionnelles de présentation des statistiques peinent parfois à rendre concrètes.
L’utilisation de données locales (lieu, ville, département, région de l'exposition) en plus de données nationales et internationales, crée une proximité immédiate avec les spectateur·trices. Apparaît alors une forme d’adresse de l’œuvre au lieu qui la reçoit.
Par ce dispositif, le collectif IAKERI souhaite rendre compte de la manière dont viennent s’opérer des reliefs, des creux, des formes d’organisation et de pouvoir dans nos sociétés.
Le collectif IAKERI est la réunion de trois femmes (Jimena Royo-Letelier, Alice Guerlot-Kourouklis, Aneymone Wilhelm) aux parcours variés. Fortement attaché au travail de la matière, au son comme arme politique, à une utilisation critique et réflexive des technologies, ainsi qu’à la porosité entre science et création, il fait émerger des dialogues entre disciplines et les replace dans des questionnements socio-politiques.