La création numérique passe au vert et aux Low-tech
La sobriété numérique est sur toutes les lèvres. Cette démarche, qui vise à réduire l’impact environnemental du numérique, peut se traduire à travers les Low-tech : des technologies simples, durables et accessibles à toutes et tous. Recyclage, détournements, quête de nouveaux matériaux, transition énergétique, Do-it-yourself, … Comment les artistes s’emparent-ils des Low-tech ?

9 pros
Créer autrement
Des artistes questionnent les technologies et prennent en compte les enjeux environnementaux dans leurs processus de création pour passer à une démarche plus sobre.
Filipe Vilas-Boas, artiste à la fois fan et critique des technologies, examine avec humour nos temps hypermodernes. Ses installations mixent ancien et nouveau monde pour mieux souligner l’époque de transition dans laquelle nous vivons. Il greffe à des objets de récupération des technologies diverses pour construire ses dispositifs.
Les œuvres de Claire Williams cherchent à capter les multiples variations et activités de notre spectre électromagnétique par des dispositifs utilisant technologies, objets usuels et techniques de tissage textile.
Avec Black Widow, l'artiste Djeff manipule nos perceptions à travers une installation questionnant la fascination suscitée par la technologie. La structure, composée d'un tissage de fils laineux, ouvre notamment une réflexion sur l'obsolescence programmée.
La démarche du plasticien Barthélemy Antoine-Lœff, qui puise son inspiration dans une relation contemplative et écologique à la nature, questionne nos modes de consommation et de production dans l'anthropocène, mais aussi les coûts énergétiques des travaux artistiques.
L’allumeur des réverbères est une installation interactive née de l’hybridation du jeu vidéo et du jeu de construction traditionnelle.
Enfin, Neographic Digital est spécialisée dans la conception et la réalisation d’expositions immersives innovantes et éco-responsables.
Le son
Domaine d’expérimentation
La création sonore interroge aussi les technologies et dialogue avec le vivant.
Les artistes de Scenocosme aiment introduire des éléments naturels dans leurs œuvres numériques, à l’instar d’Akousmaflore, où les végétaux sont capables d’émettre des sons aux contacts physiques des spectateurs.
Un orchestre Low-tech constitué de lampes domestiques et néons de garage pour composer une musique orchestrale magnétique ? C’est ce que propose Thomas Laigle avec m-o-m.
Charlie Aubry, artiste, hackeur, codeur et musicien expérimental, détourne et collectionne des objets électroniques dans des dispositifs aussi vintages que complexes qui deviennent de vrais outils de création sonore et visuelle.
Enfin, en réinventant un générateur de formes d’ondes Low-tech et obsolète à l’heure du tout numérique, la sculpture Bzzz ! Le son de l'électricité de Cécile Babiole s’inscrit dans une réflexion sur l’histoire des techniques, et tente d’exprimer à sa manière un hommage au son analogique sans échantillonnage ni traitement : le son brut de l’électricité.
La bidouille à l’honneur !
Expérimentation, collaboration et apprentissage par le faire : ateliers et créations permettent de sensibiliser petits et grands aux technologies douces.
Articulées autour des notions de soin et de technologie, les créations et ateliers de Dasha Ilina mettent en avant pratiques Do-It-Yourself et solutions Low-tech pour examiner diverses questions telles que l’addiction au téléphone, la nature des relations modernes et la vie privée à l’ère numérique.
Fête foraine revisitée, Eniarof s’inspire des cultures populaires anciennes et émergentes telles que le karaoké, la lucha libre, les jeux vidéo, les installations et performances artistiques, et le cabinet de curiosités pour donner naissance à une sympathique, mais éphémère fête Do-It-Yourself.
Avec Mini Chefs et Mini Festivals, Eric Boulo invite les enfants à des activités délirantes et insolites. Tel un véritable laboratoire, les enfants créent, se rencontrent, jouent et ré-inventent à leur tour de nouvelles formes d'expressions et de pratiques du futur !
Inventeur, performeur, chercheur de sons et animateur, Alexis Malbert se consacre à la conception d’ateliers jeunes et tous publics. Il interroge nos relations aux technologies et à notre environnement avec une approche aussi artistique que scientifique.
Enfin, Tatiana Vilela dos Santos repousse les limites des arts vidéoludiques avec des jeux à contrôleurs alternatifs : des jeux vidéo incluant des interfaces tangibles faites main, construites spécifiquement pour ces expériences.
Espaces de réflexion
Conférences, tables rondes, ateliers ou encore hackathons : de multiples formats permettent d’inviter les publics à s’interroger et à débattre sur l’impact du numérique sur notre environnement.
Espace de création et de diffusion situé à La Fabrique, à Nantes, Stereolux s’intéresse au mouvement Low-tech en contribuant activement aux réflexions autour des technologies numériques lors des soirées Électrons libres ou encore avec son Laboratoire Arts & Technologies.
Constitué de quatre expertes du monde de l'art, de l'économie circulaire et de l'innovation, le collectif Les Augures accompagne les acteurs de la culture dans leur transition écologique.
Enfin, avec sa série Postgrowth, le Collectif Disnovation invite les publics à remettre en question les récits dominants sur la croissance et le progrès, et à explorer les implications radicales de divers prototypes artistiques (série d’entretiens, jeu collectif, installation artistique, …).